Les femmes et l’investissement: principales constatations et possibilités

Auteure : Maurie Backman

Source : The Motley Fool

L’investissement est un excellent moyen pour accroître sa richesse et atteindre la sécurité financière, mais les femmes semblent avoir plus de mal que les hommes à en tirer pleinement profit. Les salaires plus bas et le manque de confiance des femmes nuisent à leur succès en tant qu’investisseuses, et si aucun changement notable ne se produit, elles pourraient continuer à traîner de la patte, surtout en ce qui concerne la richesse à long terme et l’épargne-retraite.

Mais pourquoi y a-t-il une telle disparité entre les investisseurs et les investisseuses? Penchons-nous sur cette question.

Principales constatations

Les investisseuses obtiennent de meilleurs rendements que les hommes; jusqu’à 1 % de plus, selon certaines études.

En moyenne, la valeur du portefeuille d’actions des femmes a diminué de 2,5 % en 2015, contre 3,8 % pour ceux détenus par des hommes.

Les femmes doutent davantage de leur capacité à investir que les hommes, mais leur confiance en matière d’investissement s’accroît avec l’âge.

Environ un quart des femmes ont de l’argent investi en bourse, et ces dernières sont plus susceptibles que les hommes de conserver une part importante de leur actif en espèces.

Moins de 5 % des femmes prennent des risques élevés dans leur portefeuille.

Les femmes maintiennent le cap en effectuant moins d’opérations boursières et en changeant moins souvent la répartition de l’actif que les hommes.

Même si elles gagnent 20 % de moins, les femmes ont des taux d’épargne et de cotisation aux régimes de retraite plus élevés que les hommes.

L’écart salarial entre les sexes

En général, le fait d’avoir plus d’argent à investir se traduit par une accumulation de richesse plus prononcée. Sur ce plan, les femmes sont nettement désavantagées.

En 2020, les femmes gagnaient environ 0,80 $ pour chaque dollar gagné par un homme moyen.

Les femmes atteignent leur revenu le plus élevé à l’âge de 44 ans, et il s’élève en moyenne à 66 700 $. Les hommes, pour leur part, atteignent leur revenu le plus élevé à l’âge de 55 ans, et il s’élève en moyenne à 101 200 $.

Compte tenu de ce qui précède, on constate un écart cumulatif de 1 055 000 $ à l’âge de la retraite entre les revenus que les hommes et les femmes ont gagnés au cours de leur vie. Il n’est donc pas surprenant que les femmes soient 80 % plus susceptibles que les hommes de vivre dans la pauvreté à la retraite.

Les femmes sont souvent encouragées à réclamer des salaires plus élevés, mais même lorsqu’elles le font, elles se heurtent à des obstacles. Exemple probant : les femmes ont moins de chances que les hommes d’obtenir des augmentations lorsqu’elles en demandent.

Et comme 39 % des femmes ont renoncé à un revenu ou à leur avancement professionnel pour subvenir aux besoins de leurs enfants ou de leurs parents, il va de soi que l’investissement comporte son lot de difficultés pour elles. Un revenu moins élevé signifie qu’il y a moins d’argent à faire fructifier.

Les femmes doutent davantage de leurs compétences en matière d’investissement que les hommes

Les femmes n’ont jamais eu une grande confiance en leur capacité d’investir.

Les données de la Financial Industry Regulatory Authority (FINRA) le confirment d’ailleurs : 71 % des hommes estiment posséder un niveau élevé de connaissances des placements, comparativement à 54 % des femmes. Dans le même ordre d’idées, 49 % des hommes se sentent à l’aise de prendre des décisions de placement, contre seulement 34 % des femmes.

Et sans surprise, au vu de ces statistiques, les planificatrices financières agréées ne représentent que 23 % des professionnels de ce segment.

La bonne nouvelle, c’est que la confiance des femmes en matière d’investissement s’accroît avec l’âge. Si 46 % des femmes de la génération Y se sentent outillées pour gérer des placements, ce sont 52 % des femmes de la génération X, 54 % des femmes de la génération du baby-boom et 60 % des femmes de la génération silencieuse qui estiment l’être.

Le fait que 62 % des femmes jugent avoir les compétences financières nécessaires pour épargner en vue de la retraite est également encourageant. Mais seulement 43 % des femmes, comparativement à 59 % des hommes, ont la certitude d’avoir planifié adéquatement leur retraite, selon U.S. Trust.

Les femmes investissent plus prudemment que les hommes

La croissance de la richesse et l’assurance d’avoir un revenu de retraite suffisant reposent en grande partie sur la capacité des placements de surpasser l’inflation. Globalement, cela signifie qu’il faut investir massivement dans les actions; elles sont plus risquées que les obligations, mais ont de tout temps produit des rendements plus élevés.

La plupart des recherches indiquent que les femmes ont tendance à éviter les actions, malgré leur potentiel de croissance.

Dans une certaine mesure, une crainte modérée du risque n’est pas mal en soi. En fait, Fidelity souligne que les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’investir leur épargne à long terme dans des placements dont la répartition se fonde sur l’âge, comme les fonds à date cible.

Mais le degré d’inquiétude des femmes peut atteindre un niveau malsain ou plutôt, non profitable. Selon SoFi et la Levo League, 56 % des femmes de la génération Y affirment que la peur freine leur désir d’investir. C’est malheureux, car les femmes de cette génération ont un long horizon de placement qui leur laisse amplement le temps de surmonter les hauts et les bas du marché boursier.

Les femmes obtiennent de meilleurs rendements que les hommes

Les femmes n’ont peut-être pas confiance en leur capacité d’investir, mais elles ont tout de même tendance à bien le faire. De fait, en 2017, Fidelity a indiqué que les portefeuilles détenus par des femmes affichaient un rendement supérieur de 40 points de base à ceux des hommes, ce qui équivaut à 0,4 %.

Cela ne semble pas être un écart énorme, mais il est substantiel lorsque l’on tient compte de l’effet de capitalisation avec le temps.

Les données de la plateforme d’investissement Openfolio ont par ailleurs révélé qu’il ne s’agit pas d’une exception : les investisseuses ont obtenu de meilleurs résultats que les investisseurs en 2014, 2015 et 2016.

Les femmes sont plus disciplinées que les hommes en matière d’épargne

Même si les femmes doivent composer avec des salaires beaucoup plus bas en moyenne, leurs taux d’épargne sont généralement plus élevés que ceux des hommes.

Un sondage de Fidelity de 2017 révèle que les femmes ont économisé en moyenne 9 % de leurs revenus annuels, contre 8,6 % en moyenne pour les hommes.

Évidemment, un taux d’épargne plus élevé n’équivaut pas nécessairement à une plus grande somme épargnée. Comme les hommes gagnent plus d’argent que les femmes et qu’ils investissent généralement dans des placements plus dynamiques, ils ont encore tendance à accumuler plus de richesse à long terme que les femmes.

Les investisseuses sont moins impulsives que les hommes

Le marché boursier a tendance à être instable, ce qui peut pousser les investisseurs à agir impulsivement et à perdre de l’argent. Cependant, les données montrent que les femmes n’ont pas tendance à réagir aux fluctuations du marché de la même façon que les hommes.

Wells Fargo signale que les femmes célibataires font 27 % moins d’opérations boursières que les hommes célibataires. Betterment a révélé que les femmes modifient la répartition de l’actif dans leurs portefeuilles à une fréquence inférieure de 20 % à celle des hommes. De plus, les hommes accèdent à leur portefeuille de placements presque cinq fois par semaine en moyenne, alors que les femmes le consultent en moyenne moins de trois fois par semaine.

Les femmes ont le potentiel de devenir des investisseuses plus prospères

Nul doute, les femmes savent tirer leur épingle du jeu en matière d’investissement. Elles épargnent une part respectable de leur revenu, effectuent des opérations à une fréquence raisonnable et choisissent des placements qui leur permettent d’obtenir de meilleurs résultats que les hommes. Mais les femmes ont encore du pain sur la planche. De fait, 41 % d’entre elles regrettent de ne pas avoir investi une plus grande part de leur argent, selon Merrill Lynch et Age Wave. Ainsi, les femmes devraient s’engager à jouer un rôle plus proactif pour assurer leur avenir.

Premièrement, les femmes doivent reconnaître le risque lié à la longévité. En 2019, l’espérance de vie moyenne des hommes à la naissance était de 76,3 ans, comparativement à 81,2 ans pour les femmes. Comme les femmes vivent généralement plus longtemps, elles ont besoin de plus d’économies à long terme. De plus, comme elles vivent plus longtemps que les hommes, il est plus probable que les femmes aient besoin de soins de longue durée au cours de leur vie, et le coût de ceux-ci peut être prohibitif.

Les femmes devraient aussi continuer de se battre pour obtenir des augmentations et la parité salariale. Il existe des outils qui facilitent la comparaison des données salariales en fonction de facteurs comme le titre du poste, l’expérience et l’emplacement géographique. Les femmes ne devraient pas hésiter à utiliser des faits et des statistiques pour étayer leurs demandes.

Cela dit, il est tout aussi important de prendre l’habitude d’investir à un jeune âge. Une femme qui commence à cotiser 500 $ par mois à un régime de retraite à l’âge de 25 ans et qui continue de le faire jusqu’à 65 ans aura investi 240 000 $ de son propre argent. Mais cette somme, si elle était investie en grande partie dans des actions, pourrait générer un rendement annuel moyen de 7 %. Dans un tel scénario, la croissance des 240 000 $ se solderait à environ 1,2 million de dollars.

Un portefeuille conservateur n’offre cependant pas un aussi bon rendement. Un portefeuille à forte teneur en obligations gagnant en moyenne 3,5 % par année aura un solde d’épargne final d’un peu plus de 500 000 $, en supposant que le montant de la cotisation et l’horizon de placement soient les mêmes.

Enfin, les femmes devraient s’assurer qu’elles comprennent le concept de la répartition de l’actif selon l’âge. Il est sage de parier sur les actions lorsque la retraite n’est pas imminente, mais à mesure que cette étape se rapproche, les femmes peuvent envisager de se tourner vers les obligations et d’autres placements plus sûrs.

Les femmes ont travaillé fort, mais elles ont encore beaucoup de chemin à faire

Les femmes ont de quoi être fières lorsqu’il est question d’investir. Elles épargnent bien et maintiennent le cap face aux changements dans les marchés. Mais les investisseuses doivent continuer de renforcer leur confiance et se rallier à l’idée d’investir massivement dans les actions.

Si les femmes peuvent apprendre à surmonter leurs peurs, elles accumuleront une richesse impressionnante et pourront concurrencer à armes égales les investisseurs masculins.

Cet article a été rédigé par Maurie Backman de The Motley Fool et a été autorisé légalement sous licence par le réseau d’éditeurs Industry Dive. Veuillez adresser toutes les questions sur les licences à legal@industrydive.com.