Comment une mentalité de pénurie peut influencer la retraite des femmes

Rédigé par : Addie Morfoot

Source : Real Simple

Beaucoup trop de femmes craignent de perdre leur emploi, leur revenu et leurs épargnes. C’est une crainte logique, mais il est possible d’arrêter d’éprouver un sentiment d’impuissance face à l’argent et de se défaire de cette mentalité de pénurie.

L’expression « Bag Lady Syndrome » a été inventée dans les années 1970 pour décrire une peur particulière des femmes : celle de perdre leur emploi, leurs épargnes et de se retrouver sans abri. Alors que l’expression est extrêmement désuète, elle demeure plus pertinente que jamais. Même avant la COVID-19, une étude d’Allianz a révélé que le pourcentage de femmes qui disaient jouir d’une certaine sécurité financière était passé de 68 % en 2016 à 62 % en 2019.

Depuis le début de la COVID-19, des millions de personnes ont demandé des prestations d’assurance-chômage, dont bon nombre étaient des femmes. De février 2020 à février 2021, 2,4 millions d’Américaines ont quitté la population active, selon l’analyse du National Women’s Law Center. Il y a donc fort à parier que le pourcentage de femmes qui ressentent de la sécurité financière ces jours-ci a chuté bien en dessous de 62 %.

Mais pandémie ou non, il y a une façon de mettre fin à cette sensation d’impuissance que donne l’argent et le fait d’épargner. Et cela ne coûte rien; il suffit de changer sa mentalité de pénurie; cet ajustement d’attitude pourrait déterminer comment vous préparerez votre retraite.

Comprendre votre relation émotionnelle avec l’argent

Lorsque j’étais jeune, mon père et ma mère travaillaient tous les deux à temps plein, gagnant suffisamment d’argent pour élever trois enfants et nous envoyer à l’université. Mais les versements hypothécaires mensuels et les factures de cartes de crédit causaient beaucoup de conflits. « Comment allons-nous payer pour cela? » se plaignait souvent ma mère. Mes parents ont réussi à joindre les deux bouts, mais pendant toute mon adolescence, et encore aujourd’hui, ma mère est convaincue qu’elle risque de tomber dans la pauvreté. 

Les psychologues ont un nom pour décrire le stress financier qu’elle vit constamment. Ils appellent ça une « mentalité de pénurie ». C’est une peur irrationnelle qui touche l’ensemble des femmes. Peu importe combien d’argent elles ont en banque – 200 $, 2 000 $ ou même 2 millions de dollars –, les personnes qui ont une mentalité de pénurie s’inquiètent constamment d’en manquer et de ne jamais en avoir assez. Contrairement à quelqu’un qui vit dans la pauvreté, dont l’existence même est menacée et qui connait vraiment une pénurie d’argent, cette crainte monétaire ne découle pas d’une situation immédiate, mais plutôt d’un futur hypothétique. Elle est également fondée sur la certitude qu’il n’est pas possible d’avoir plus d’argent parce que c’est inatteignable ou injustifiable.  

Selon Barbara Huson (anciennement Stanny), coach en finance et auteure de sept livres d’autoassistance financière, « les gens qui ont cette mentalité de pénurie pensent que l’argent qu’ils ont en banque est insuffisant et le sera toujours. Si vous vous entendez dire : ‘J’aimerais avoir plus d’argent, mais…’ vous faites partie de ce groupe de gens. »  

Ce « mais » évoque des doutes et des craintes. La crainte d’échouer, de perdre, d’endurer, de réussir ou de l’inconnu. Mme Huson explique que ces craintes ou ces convictions se développent souvent dans l’enfance et créent une relation où il semble ne jamais y avoir assez d’argent. Et c’est générationnel : tout comme ma mère, je crois moi aussi que mon compte bancaire est à risque et que la pauvreté me guette. De plus, la mentalité de pénurie n’a pas de limites économiques. Selon un sondage réalisé par UBS, la moitié des millionnaires dont l’actif se chiffre à moins de 5 millions de dollars estiment qu’ils ne pourraient pas résister à un revers financier. 

« La mentalité de pénurie est omniprésente dans notre culture, affirme Dre Joanne Stern, conseillère en préservation du patrimoine familial. Les gens, en particulier les gens fortunés, s’identifient souvent à leur argent. C’est ce qu’ils sont. Des gens m’ont déjà dit : ‘si je n’avais pas d’argent, je ne saurais pas qui je suis.’ L’idée de le perdre devient donc terrifiante. »  

C’est une terreur qui se propage dans toutes les classes économiques, car pour bien des gens, l’argent fait partie d’une perception psychologique, profondément ancrée. 

« Le sentiment de sécurité financière que vous éprouvez n’est pas nécessairement lié au montant d’argent que vous avez, parce qu’il dépend beaucoup des émotions », explique Jeff Savlov, psychanalyste et consultant en affaires familiales.  

Heureusement, il y a un groupe de gens qui sont à l’opposé de ma mère et moi en matière d’argent et d’épargne. Ces gens ont l’impression qu’ils retomberont toujours sur leurs pieds et qu’ils auront de l’argent quand ils en auront besoin, et pas vraiment parce qu’ils sont riches. Ils ont une « mentalité d’abondance ».

Selon Mme Huson, les gens qui se disent qu’ils aimeraient avoir plus d’argent, et pensent ensuite à ce qu’ils pourraient faire, ont cette mentalité. Ces gens croient en leurs capacités financières. Autrement dit, peu importe ce qu’il advient du compte bancaire d’un tenant de l’abondance, il a décidé que tout irait bien, parce qu’il est certain de pouvoir aller de l’avant.  

Si vous contemplez votre propre catastrophe financière, ne vous inquiétez pas. La mentalité d’abondance peut s’apprendre. Ce ne sera pas facile d’abandonner complètement vos convictions et vos préoccupations de longue date et de passer à l’autre camp, mais une fois que vous aurez compris pourquoi vous vous attendez à ce que votre argent disparaisse, il est possible d’être satisfait et même confortable avec l’argent que vous avez.  

Commencez à épargner... maintenant

La mentalité de pénurie est émotionnelle et peut provenir de votre expérience de l’argent quand vous étiez enfant. Mes parents n’étaient pas millionnaires, mais parce que j’habitais dans une ville remplie de millionnaires, ma relation avec l’argent est devenue beaucoup plus complexe. J’ai associé l’argent à la puissance, à l’aptitude, au contrôle. Si seulement nous avions les moyens d’acheter plus de choses, ma mère ne serait pas aussi préoccupée par le compte bancaire. Même si mon désir était superficiel, il découlait d’un profond sentiment d’impuissance.  

« La pauvreté est subjective, affirme Brad Klontz, psychologue et planificateur financier agréé. L’importance que nous accordons à notre bien-être financier n’a rien à voir avec les chiffres réels. Elle a tout à voir avec les gens qui nous entourent. » 

Même si vous n’abolirez pas votre mentalité de pénurie en reconnaissant ce qui la déclenche, il s’agit d’une première étape nécessaire.  

« Vous devez choisir de remettre en question vos convictions, de les mettre en contexte et prendre conscience qu’elles vous nuisent au lieu de vous aider » poursuit M. Klontz. C’est un élément crucial. Sinon, on a l’impression que ce qu’on pense est la réalité. »  

Les gens qui ont une mentalité d’abondance sont conscients de leur propre valeur, qui échappe à l’emprise des échecs. Ils se concentrent plutôt sur la voie de la réussite et croient aux deuxièmes chances ainsi qu’aux possibilités. Pour avoir une mentalité d’abondance, il n’est pas nécessaire d’être riche. 

« La mentalité d’abondance ne repose pas sur le montant d’argent que vous avez, mais sur ce que vous croyez pouvoir réaliser », enchaîne-t-il. Ce que nous nous disons devient notre réalité. Les marchés fluctuent, mais un fait demeure : votre scénario financier, c’est-à-dire la façon dont vous pensez inconsciemment à l’argent, déterminera votre situation financière. »   

Mme Huson explique qu’une fois qu’on a compris tout le bagage émotionnel qu’on associe à l’argent, la première chose à faire est de mettre en place un compte d’épargne ou un fonds de retraite. 

« Même si ce n’est que 10 $ par mois, précise-t-elle, l’important est d’épargner systématiquement. Faites retirer un montant de votre paie ou de votre compte-chèques afin qu’il soit déposé dans un compte d’épargne, car en définitive, la richesse et l’abondance sont une habitude. » 

Elle recommande également d’accorder plus d’importance à votre compte d’épargne qu’au montant de votre paie. 

« Il peut être imprudent d’être obsédé par son salaire, dit-elle. C’est ce que j’appelle l’illusion de la richesse. C’est très courant chez les femmes prospères. Leur rémunération considérable leur donne l’illusion, mais non la sécurité, d’une véritable abondance. » 

À 31 ans, je n’avais pas l’impression d’avoir pris mon avenir en main. Je n’avais jamais épargné un sou, car je croyais qu’épargner était un luxe que je ne pouvais pas me permettre. Je me disais que je ne prendrais jamais ma retraite. Puis, quelques mois après avoir donné naissance à mon premier enfant, j’ai rencontré un conseiller financier dans un cours parent-enfant. Le conseiller financier m’a dit que ma façon de penser était complètement fausse et que ce que je pouvais faire de mieux pour ma famille et moi était d’établir un fonds de retraite, ce que j’ai fait immédiatement. Chaque mois, mon mari et moi déposions automatiquement 50 $ dans un compte d’épargne. Dix ans plus tard, nous avons toujours ce compte. 

« La richesse et l’abondance sont une habitude, dit Mme Huson. Prendre l’habitude d’épargner mène à la richesse et à la sécurité. »   

L’ignorance n’est pas une bénédiction en matière de finances personnelles. En plus d’épargner en vue de la retraite, Mme Huson conseille de parler d’argent et de lire à ce sujet afin de redéfinir notre relation avec nos finances.  

« L’indépendance financière n’a rien à voir avec ce que vous gagnez, mais tout à voir avec ce que vous épargnez, explique-t-elle. Vous y parvenez en dépensant moins que ce que vous avez et en épargnant plus que ce dont vous avez besoin. La richesse ne provient pas de vos revenus. La richesse provient de vos épargnes. Il ne faut pas beaucoup de temps pour créer de la richesse, et il n’est jamais trop tard pour commencer. » 

Même si j’ai un compte de retraite, je crains toujours qu’il se produise une catastrophe et que ma situation financière devienne précaire. J’ai tendance à faire l’autruche pour éviter de savoir exactement quel montant est en banque. Mais ensuite, je pense à mon bagage émotionnel à l’égard de l’argent. Je pense à tous les gens qui ont une mentalité d’abondance. Et je me donne silencieusement le droit de croire en ma propre valeur. Je vais aller de l’avant, gagner l’argent que je mérite, l’épargner et envisager ma retraite. 

 

Cet article a été rédigé par Addie Morfoot de Real Simple et sa publication a été autorisée légalement par le biais de Content Marketplace d’Industry Dive. Pour toute question sur les droits de reproduction, veuillez écrire à legal@industrydive.com.