Tout le monde a en tête – si ce n’est pas sur papier – sa propre idée d’une retraite de rêve, qu’il s’agisse de passer l’hiver dans des régions plus chaudes, de jouer au golf tous les jours ou de voyager partout dans le monde. Mais après une période de forte inflation, de difficultés sur les marchés et de hausse des taux d’intérêt, certains se demandent s’ils devront revoir leurs plans.

En 2022, l’inflation – c’est-à-dire la hausse annuelle des prix des biens et des services – a atteint des niveaux qui n’avaient pas été observés depuis les années 1980. Vers la fin de cette année-là, les prix des aliments avaient bondi de près de 12 % comparativement à l’année précédente, tandis que d’autres dépenses, comme l’essence et les coûts hypothécaires, avaient également augmenté pendant l’année.

Si vous consacrez plus d’argent à vos besoins de base, vous vous demandez peut-être combien il vous reste dans vos poches pour le reste. Les deux tiers des Canadiens se posent la même question. Selon le Rapport 2022 de Fidelity sur la retraite, 62 % des préretraités craignent de ne pas épargner suffisamment en raison de l’inflation.

L’inflation est certes préoccupante à l’heure actuelle, mais elle devrait être prise en compte dans tout plan financier, puisque les prix ont toujours tendance à augmenter, année après année. Par exemple, en 1995, un panier d’épicerie contenant des denrées variées comme du papier hygiénique, du dentifrice, des fruits, du pain, du lait, de la viande, et ainsi de suite, coûtait environ 150 $. Aujourd’hui, le même panier coûte plus de 300 $.

La hausse des prix n’est qu’un des cinq risques dont vous devez tenir compte lorsque vous élaborez votre plan de retraite, affirme Michelle Munro, directrice en chef, Recherche sur la retraite et la fiscalité chez Fidelity Investments. L’épuisement de l’épargne, les taux de retrait, la répartition de l’actif et le coût des soins de santé sont d’autres facteurs qui peuvent vous faire dévier de votre trajectoire. « Nous savons tous que la vie nous réserve des imprévus. Ce qu’il faut retenir, c’est que le fait d’avoir un plan nous offre différentes façons de relever les défis qui se présentent », affirme Mme Munro.

Cela étant dit, l’inflation constitue un risque important, et peut aussi se répercuter sur d’autres éléments de risque. Dans cette optique, voici trois façons de protéger vos projets de retraite contre les hausses de coûts.

Taux de retrait

Le taux de retrait est le pourcentage estimatif de l’épargne que vous pouvez retirer chaque année tout au long de la retraite sans épuiser votre épargne. En règle générale, visez à ne retirer qu’un pourcentage déterminé de votre épargne au cours de la première année de votre retraite, puis ajustez ce montant chaque année en fonction de l’inflation.

Nos collègues américains de Fidelity ont fait des calculs en se fondant sur les données historiques et en simulant plusieurs résultats possibles. Ils ont tiré les conclusions suivantes : « Pour faire face à des dépenses cohérentes à la retraite (c.-à-d., que cela devrait fonctionner 90 % du temps), vous devriez viser à ne retirer que 4 % à 5 % de votre épargne au cours de la première année de votre retraite, puis ajuster ce montant chaque année en fonction de l’inflation1 ».

La hausse récente des taux d’inflation a suscité plusieurs débats sur la nécessité de revoir les taux de retrait. Nombre d’experts estiment que cet ajustement pourrait être de courte durée. « Que vous retiriez 4 %, 5 % ou un autre pourcentage, vous devez vous rappeler que ces taux ne sont que des lignes directrices, souligne Mme Munro. Les retraités dépensent souvent davantage au cours des premières années en raison des montants plus élevés qu’ils consacrent aux voyages ou aux rénovations domiciliaires. Faire appel à un conseiller financier peut vous aider à établir un taux de retrait qui convient à vos besoins particuliers. »

Contrôlez vos dépenses

La réduction des dépenses est une autre stratégie financière à votre disposition pour protéger votre épargne-retraite. Par exemple, réduire vos dépenses discrétionnaires et reporter vos achats importants peut vous aider à faire durer votre épargne, estime Mme Munro. De même, reporter les voyages et les achats importants pendant que les prix sont gonflés peut être une décision avantageuse à long terme.

Par exemple, les prix des billets d’avion ont augmenté plus rapidement que le taux d’inflation entre les mois de janvier et d’août, lorsque les restrictions de voyages liées à la COVID-19 ont commencé à s’assouplir2[1]. Les prix demeurent élevés, mais ils ont tout de même reculé de près de 20 % au cours du dernier trimestre de 2022. Lorsque vous faites face à des prix inhabituellement élevés, envisagez d’attendre quelques mois pour voir s’ils diminuent.

Surveiller les coûts est particulièrement important au début de la retraite. De nombreux retraités constatent une flambée de leurs dépenses au cours des premières années qui suivent la réception de leur dernière paie. Et pour cause : les voyages plus fréquents et les modifications à leur mode de vie, comme manger au restaurant plus souvent ou s’adonner à diverses activités, peuvent augmenter considérablement les dépenses. Par ailleurs, il arrive fréquemment que les retraités déménagent ou fassent des rénovations dans le cadre de leur transition vers la retraite, ce qui peut faire grimper davantage les dépenses.

Répartissez votre patrimoine en catégories

Si vous craignez que des facteurs tels que l’inflation perturbent votre sommeil, sachez qu’il y a des mesures que vous pouvez prendre dès maintenant pour atténuer ce risque. Une façon consiste à utiliser un système de répartition de manière à avoir une vue d’ensemble claire de vos dépenses discrétionnaires et non discrétionnaires.

Le système de répartition en trois catégories fonctionne comme suit : La première catégorie devrait contenir assez d’argent pour régler jusqu’à trois années de frais de subsistance essentiels qui ne sont pas couverts par vos rentes de retraite, vos prestations de sécurité de la vieillesse ou tout autre revenu fixe garanti que vous pourriez recevoir. Cet argent devrait être accessible, ce qui signifie que vous devriez l’investir dans des placements peu risqués, comme un fonds du marché monétaire ou un fonds obligataire à court terme.

La deuxième catégorie est réservée aux fonds dont vous pourriez avoir besoin pendant les dix prochaines années environ, ou peut-être pour réaliser un objectif précis. Puisque vous avez un horizon temporel plus long, vous pouvez investir les sommes affectées à cette catégorie dans des placements à risque modéré pour obtenir un rendement potentiellement plus élevé, comme les fonds d’obligations à moyen terme ou les fonds équilibrés conservateurs.

La dernière catégorie est réservée aux fonds dont vous n’aurez pas besoin avant au moins une dizaine d’années. Cet horizon temporel plus long vous offre la possibilité d’investir dans des actifs à risque modéré ou élevé qui présentent un potentiel de croissance à long terme, notamment des fonds communs de placement plus audacieux et des fonds négociés en bourse (des FNB constitués d’actions). Par exemple, un fonds neutre ou un fonds équilibré axé sur la croissance.

Les lignes directrices de votre système de répartition par catégories servent uniquement à vous guider, et elles changeront en fonction de votre situation personnelle. Vous pourriez, par exemple, être tenté de consacrer plus d’argent à la première catégorie, explique Mme Munro. Mais en procédant de la sorte, vous risqueriez de limiter la croissance à long terme qui pourrait contrebalancer les effets de l’inflation et d’épuiser votre épargne plus tôt que prévu.

Comme c’est le cas avec la plupart des risques, nous ne nous en soucions qu’une fois que nous y sommes confrontés. De nos jours, l’inflation est l’un des principaux risques qui pèsent sur la plupart des gens. Il existe toutefois plusieurs autres risques qui peuvent influencer vos rêves de retraite. Il est difficile de prédire les défis susceptibles de se présenter, mais en faisant appel à un conseiller financier, vous pourrez élaborer un plan financier comonsulter l’article et visionner le segment d’actualités CTV sur les tendances en matière de tarifs aériens et les marges bénéficiaires en 2023plet qui prend en considération ces risques de façon à vous permettre de réaliser vos rêves de retraite.

 

1 Article Fidelity Viewpoints, « How can I make my retirement savings last? », site Web Fidelity.com, 3 août 2022.

2 Lee, Michael. « Where do airlines stand in 2023? Industry observers on airfare trends and margins », CTVnews.com, 7 décembre 2022.