
Changements à l’échelle mondiale et stratégie de portefeuille : analyse de Jurrien Timmer
Le 12 mai dernier, Jurrien Timmer, directeur en chef, Macroéconomie mondiale chez Fidelity, a fait part de ses réflexions sur le contexte macroéconomique en évolution, la confiance des investisseurs et la structure de portefeuille à long terme.
Voici quelques-uns des points à retenir.
La trêve tarifaire synonyme de soulagement temporaire
La trêve tarifaire de 90 jours entre les États-Unis et la Chine a permis d’apaiser les craintes du marché. Alors que les tarifs avaient atteint 145 %, ils ont été ramenés à 30 %, ce qui démontre un recul par rapport aux tensions récentes. Bien que ce compromis ne règle pas les problèmes commerciaux plus vastes, il a contribué à un ton plus constructif sur les marchés boursiers.
La politique budgétaire sous les projecteurs
La politique budgétaire de la Réserve fédérale américaine a joué un rôle encore plus important pour soutenir la confiance du marché, en raison des contraintes liées à l’inflation auxquelles elle est confrontée. L’idée d’un mécanisme de protection de nature budgétaire selon lequel les mesures gouvernementales aident à stabiliser les conditions du marché a gagné du terrain. Ce changement reflète une reconnaissance plus large que les décisions en matière de politiques, autres que celles prises par les banques centrales, peuvent également influencer la confiance des investisseurs.
Des bénéfices résilients, mais prudents
Les bénéfices des sociétés au premier trimestre de 2025 ont été plus élevés que prévu. Cependant, les projections pour le reste de l’année ont été révisées légèrement à la baisse. Cette tendance n’est pas inhabituelle, car les entreprises orientent souvent leurs attentes de manière prudente. Jusqu’à présent, les révisions laissent présager un ralentissement du marché et non un repli, s’adaptant à des perspectives plus modérées et écartant la possibilité d’une récession complète.
Le potentiel renouvelé des actions internationales
Les actions non américaines ont enregistré un rendement inférieur pendant une grande partie de la dernière décennie, mais cette tendance pourrait changer. La croissance des bénéfices à l’extérieur des États-Unis commence à s’accélérer, tandis que les prévisions aux États-Unis ralentissent. Les valorisations demeurent plus attrayantes dans de nombreux marchés internationaux. Si ce changement se poursuit, une diversification mondiale des portefeuilles pourrait être de mise.
Une revue du modèle de portefeuille 60/40 à considérer
Le portefeuille traditionnel 60/40 (60 % d’actions, 40 % d’obligations) est en cours de réévaluation. La hausse des taux d’intérêt a modifié la relation historique entre les actions et les obligations, réduisant ainsi les avantages de diversification des titres à revenu fixe. Certains investisseurs envisagent une approche plus souple, soit un modèle 60/20/20 qui comprend des placements non traditionnels comme des liquidités, de l’or, des marchandises et des stratégies neutres au marché.
Le bitcoin et l’or comme diversificateurs
L’or et le bitcoin continuent de retenir l’attention des investisseurs en tant que diversificateurs potentiels. Bien que ces deux éléments soient considérés comme des réserves de valeur, ils se comportent différemment. Sur une base historique, l’or a démontré une corrélation faible ou négative avec les actions et les obligations. En revanche, les caractéristiques du bitcoin alternent entre celles d’un actif à risque et celles d’une couverture.
Conclusion
Les conditions actuelles du marché exigent une structure de portefeuille réfléchie. Bien que les risques persistent, les récents développements laissent entrevoir des perspectives plus équilibrées. Les tensions commerciales se sont légèrement atténuées, les bénéfices demeurent stables et les marchés internationaux montrent des signes de vigueur. Parallèlement, l’évolution des corrélations et de la dynamique des taux d’intérêt entraîne une réévaluation des structures de portefeuille traditionnelles. Il sera essentiel pour les conseillers et les investisseurs d’adopter une approche flexible et de rester informés pour composer avec la prochaine phase du cycle économique.