Les marchés à la croisée des chemins : analyse de Jurrien Timmer

Les marchés à la croisée des chemins : analyse de Jurrien Timmer

Le 9 juin, Jurrien Timmer, directeur en chef, Macroéconomie mondiale chez Fidelity, a fait part de ses réflexions sur les tensions commerciales, la hausse des taux obligataires et la réévaluation des modèles de répartition de l’actif.

 

Voici quelques-uns des points à retenir.  

Les tensions commerciales reviennent au premier plan

M. Timmer a ouvert la discussion sur le thème des échanges commerciaux. Les récentes annonces de tarifs douaniers ont ravivé la volatilité, poussant les investisseurs à se demander s’il s’agit d’un conflit commercial plus large ou d’une perturbation temporaire. Une pause de 90 jours a offert un répit, mais les perspectives demeurent incertaines. Les marchés semblent s’ajuster et démontrer moins de sensibilité aux manchettes politiques qu’auparavant. On a de plus en plus le sentiment que ce qui est annoncé un jour peut être contredit le lendemain.

 

La dominance budgétaire et les pressions sur les marchés obligataires

Au-delà du commerce, la discussion a porté sur la dynamique budgétaire. La hausse des déficits et la diminution du soutien des banques centrales contribuent à l’augmentation des taux obligataires à long terme à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, le taux des obligations du Trésor à 10 ans se négocie autour de 4,5 %, certains modèles laissant présager qu’il pourrait se rapprocher de 5 % à mesure que les primes à terme se normalisent. Cette situation a des répercussions sur les valorisations des actions et le coût de la dette publique. Lorsque les taux obligataires commencent à rivaliser avec le rendement des actions, le contexte de placement change.

 

Repenser les modèles de portefeuille traditionnels

Le portefeuille 60/40 traditionnel est remis en question. Étant donné la rupture de la corrélation négative historique entre les actions et les obligations, certains investisseurs s’orientent vers une structure 60/20/20 qui comprend des actifs non traditionnels. Il y a également une tendance vers une diversification accrue à l’échelle mondiale pour réduire la dépendance aux marchés des États-Unis. Cela reflète à la fois les préoccupations entourant les valorisations et le potentiel croissant des marchés à l’international.

 

La reprise du marché et les perspectives de bénéfices

Malgré l’incertitude politique, le marché des actions a fait preuve de résilience. L’indice S&P 500 a connu une forte reprise, mais la participation a été inégale. Seulement environ la moitié des titres de l’indice se négocient au-dessus de la moyenne mobile sur 200 jours. Par ailleurs, les prévisions de bénéfices pour le second semestre ont été revues à la baisse, en partie en raison des craintes liées aux tarifs douaniers. Cependant, les données économiques récentes sont solides, ce qui laisse suggérer que certaines révisions à la baisse pourraient avoir été prématurées.

 

Basculement possible du leadership des marchés mondiaux

Les marchés internationaux montrent des signes de vigueur. La participation a été généralisée dans l’indice MSCI EAEO et l’indice MSCI Monde tous pays se rapproche de ses sommets. Bien que les actions américaines dominent toujours les indices de référence mondiaux, l’écart entre la capitalisation boursière des États-Unis et sa part du produit intérieur brut (PIB) mondial est important. Si la croissance des bénéfices aux États-Unis ralentit et que les marchés internationaux profitent de mesures de soutien budgétaire, la prime de longue date des actions américaines pourrait commencer à diminuer.

 

Les signaux monétaires et le rôle de l’or

Malgré les écarts de taux importants des États-Unis par rapport aux autres pays, le dollar se négocie près de ses plus bas niveaux. Cette divergence pourrait refléter des préoccupations plus profondes quant à la viabilité budgétaire. Parallèlement, l’or attire de plus en plus d’attention en tant que réserve de valeur potentielle. Qualifié de « nouvelle obligation à long terme », l’or réagit aux mêmes forces macroéconomiques qui influencent les marchés obligataires et monétaires. L’argent et le bitcoin participent également à cette tendance, mais avec des caractéristiques différentes.

 

Conclusion

Les marchés s’adaptent à un nouvel environnement. La politique commerciale, la dynamique budgétaire et les tendances de croissance mondiale sont toutes à l’œuvre. Bien que les perspectives soient contrastées, les thèmes abordés ici offrent un point de vue utile pour évaluer la stratégie de portefeuille. La flexibilité, la diversification et une perspective mondiale pourraient dorénavant devenir de plus en plus importantes.