Meneurs du marché et risque de concentration : analyse de Jurrien Timmer – 22 décembre 2025

Meneurs du marché et risque de concentration : analyse de Jurrien Timmer – 22 décembre 2025

Jurrien Timmer, directeur en chef, Macroéconomie mondiale chez Fidelity, a présenté son point de vue sur les meneurs du marché, le risque de concentration, la diversification mondiale et la structure de portefeuille à l’approche de 2026.

Voici quelques-uns des sujets abordés.  

Meneurs du marché et risque de concentration : comprendre la domination des sept magnifiques

M. Timmer a souligné que les sept magnifiques ont largement contribué au récent rendement du marché. L’indice S&P 500 pondéré selon la capitalisation boursière a progressé d’environ 18 % cette année, contre 11 % pour l’indice équipondéré, ce qui montre à quel point les meneurs du marché ont amplifié les rendements. Bien que certains craignent que la poussée liée à l’IA devienne une bulle, M. Timmer se dit de plus en plus convaincu du contraire, en raison des contrôles rigoureux sur la qualité des bénéfices, le financement des fournisseurs et les plans d’amortissement.

En prévision de 2026, M. Timmer a posé une question importante : est-ce possible que la domination des sept magnifiques s’atténue au profit du reste du marché sans que l’indice recule? Bien que la réponse soit incertaine, il a insisté sur le fait que les facteurs fondamentaux des autres sociétés de l’indice S&P 500 s’améliorent, notamment sous la forme des prévisions d’accélération des bénéfices.

 

Ouverture et diversification des marchés mondiaux : élargir au-delà des géants technologiques américains

M. Timmer a insisté sur l’importance de diversifier ses placements au-delà du groupe restreint des géants technologiques américains qui dominent l’indice aujourd’hui. Les secteurs des technologies de l’information et des télécommunications représentent maintenant environ 43 % de l’indice S&P 500, un niveau de concentration semblable à celui du début de 2000. Si cette situation n’implique pas la présence d’une bulle semblable à la bulle Internet, elle met néanmoins en évidence l’ampleur de la concentration du marché.

M. Timmer a fait remarquer qu’il n’est pas nécessaire de choisir entre la croissance et la valeur ni entre les actions américaines et internationales. L’approche qu’il privilégie pour investir à l’international est celle dite en « haltère » qui consiste à combiner des titres américains avec des titres des marchés développés et des marchés émergents. Cette stratégie permet de réduire la dépendance aux sept magnifiques tout en offrant la possibilité de participer à l’amélioration des facteurs fondamentaux ailleurs.

 

Primes relatives aux actions et marchés émergents : comprendre les occasions mondiales

M. Timmer a souligné que les marchés développés hors des États-Unis s’étaient considérablement améliorés. Les sociétés européennes et japonaises se soucient de plus en plus des actionnaires (réduction du volume d’actions en circulation par des rachats, versement accru de dividendes et augmentation des ratios de distribution combinés à environ 75 % des bénéfices, comparable aux niveaux américains). Étant donné les valorisations nettement inférieures par rapport à celles aux États-Unis, il estime que l’environnement à l’échelle mondiale est plus équilibré.

Les marchés émergents offrent également des perspectives intéressantes. Il a décrit les marchés émergents comme offrant un potentiel de croissance à long terme, mais avec une plus grande fragmentation entre les régions.

 

Corrélations et diversification du portefeuille : aller au-delà du modèle traditionnel 60/40

En s’appuyant sur l’analyse des corrélations entre actions, obligations et placements non traditionnels, M. Timmer a expliqué que les catégories d’actifs se regroupent en trois catégories : les obligations, les actions et les diversificateurs comme l’or, le bitcoin, les placements non traditionnels liquides, les marchandises et les liquidités. Il a fait remarquer que les marchés émergents présentent une corrélation plus faible avec l’indice S&P 500 et les obligations à long terme, ce qui procure des avantages en matière de diversification.

Compte tenu de l’évolution de la relation entre les actions et les obligations, il a réitéré ce qu’il pense depuis longtemps : il peut être judicieux de passer à un autre modèle que celui du portefeuille 60/40 traditionnel. Il privilégie plutôt une structure « 60‑20‑20 » : 60 % d’actions, 20 % d’obligations et 20 % de placements non traditionnels. Cette approche peut aider à protéger les portefeuilles contre le risque de concentration des actions et les pressions potentielles sur les obligations.

 

Taux d’intérêt et structure du portefeuille : réagir à la politique de la Réserve fédérale américaine et à la dynamique de la courbe des taux

M. Timmer a décrit le marché obligataire et le dollar américain comme étant « étrangement calmes », même si les taux des obligations du Trésor à 10 ans sont de l’ordre de 4,1 % à 4,2 %. Il a fait remarquer que, malgré les craintes entourant la viabilité de la dette, le marché semble serein pour l’instant. Il a expliqué que la Réserve fédérale américaine pourrait devenir plus conciliante et que la courbe des taux pourrait s’accentuer à la baisse, surtout si les décideurs politiques optent pour une déréglementation bancaire ou des mesures incitatives rappelant les pratiques des années 1940.

Dans ce contexte, M. Timmer privilégie le maintien d’une certaine exposition aux obligations, mais sans surpondération. Les placements non traditionnels, y compris l’or, le bitcoin, les marchandises et les liquidités, jouent un rôle important dans la gestion des risques liés aux actions et aux titres à revenu fixe, surtout si la courbe des taux s’accentue.

 

Conclusion : se préparer pour 2026 avec diversification et flexibilité

Selon M. Timmer, il est important d’équilibrer les occasions de croissance et la gestion du risque. Bien que la concentration des meneurs du marché ait généré de solides rendements, elle crée également des vulnérabilités. Par ailleurs, l’amélioration des bénéfices sur l’ensemble du marché américain, les mesures favorables aux actionnaires dans les marchés développés et le potentiel de croissance plus élevé dans les marchés émergents offrent des occasions de diversification. L’intégration de placements non traditionnels et l’adaptation au-delà du modèle 60/40 peuvent contribuer à renforcer les portefeuilles en prévision d’une année au cours de laquelle nous pourrions observer une rotation des meneurs du marché, un élargissement mondial et une incertitude persistante sur les marchés.