Le bitcoin, les valorisations et le futur de l’investissement : une analyse de Jurrien Timmer – 1er décembre 2025
Jurrien Timmer, directeur en chef, Macroéconomie mondiale chez Fidelity, s’est exprimé sur le contexte actuel des marchés caractérisé par la volatilité, les changements dans les valorisations et les occasions mondiales qui se dessinent.
Voici quelques-uns des sujets abordés.
La volatilité des marchés : une consolidation bénéfique ou un indicateur préoccupant?
Les récents mouvements des marchés et des devises ont mis en évidence le pessimisme ambiant, réduisant les espoirs d’une reprise traditionnelle en fin d’année. M. Timmer estime toutefois que le marché se trouve probablement dans une phase de consolidation plutôt qu’au début d’une récession. Cette pause pourrait être bénéfique, car elle contribue à éliminer les acteurs les plus faibles et à prévenir les conditions propices à une bulle. L’amplitude accrue du marché vient étayer le point de vue selon lequel le marché se consolide malgré les corrections. En effet, le pourcentage des actions de l’indice S&P 500 qui ont surpassé leur moyenne mobile sur 50 jours est passé 32 % à 60 %.
Le rôle évolutif du bitcoin
M. Timmer a parlé de la correction du cours du bitcoin, qui a culminé à 125 000 $ en octobre pour se replier à environ 80 000 $, ce dernier affichant un fort seuil de soutien aux alentours de 75 000 $. M. Timmer a fait remarquer qu’à mesure que le taux d’adoption mûrit, les variations du cours du bitcoin s’aplanissent, le rapprochant davantage des actifs traditionnels. Bien qu’il conserve son rôle de réserve de valeur aux côtés de l’or, cette fonction s’est atténuée en raison de l’essor des cryptomonnaies stables et d’autres actifs numériques non traditionnels. Considéré comme l’« or numérique », le bitcoin garde tout de même des aspects spéculatifs qui contribuent à sa volatilité. M. Timmer a insisté sur l’importance d’une approche équilibrée en ce qui concerne l’ajout du bitcoin dans des portefeuilles diversifiés.
Les valorisations et la croissance des bénéfices appellent un optimisme prudent
Les valorisations boursières demeurent élevées, sans être excessives, alors que le ratio cours/bénéfice corrigé des variations cycliques (CAPE) sur 5 ans s’établit à 33. M. Timmer a noté que la forte croissance des bénéfices favorise les valorisations plus élevées, tandis que les modèles de flux de trésorerie actualisés anticipent des rendements plus modestes (croissance annuelle des bénéfices d’environ 7 % et prime de risque sur les actions près de 3 %). Ces données suggèrent que les rendements prospectifs pourraient être inférieurs aux moyennes historiques, d’où l’importance de maintenir des attentes réalistes.
Occasions sur les marchés mondiaux et diversification à l’extérieur des États-Unis
Les marchés mondiaux, qu’ils soient émergents ou développés, pourraient présenter des occasions, en raison de leurs valorisations variées et de leurs paramètres fondamentaux concurrentiels. On prévoit une croissance des bénéfices d’environ 13 % pour les marchés émergents, assortie toutefois de primes de risque plus élevées en raison de la volatilité accrue. M. Timmer a souligné l’important risque de concentration sur le marché américain, où sept titres représentent près de 40 % de la capitalisation boursière, exposant le public investisseur à des chocs sectoriels. Une diversification géographique peut permettre de réduire ce risque et de tirer parti de la croissance de régions bénéficiant de tendances démographiques et économiques favorables.
Une structure de portefeuille stratégique qui tient compte de la dynamique géopolitique et des politiques
Le contexte géopolitique devient de plus en plus complexe, marqué par la montée du protectionnisme, le capitalisme d’État et la concurrence pour le leadership technologique, en particulier dans le domaine de l’IA et des semi-conducteurs. Les États-Unis et la Chine demeurent au centre des décisions influençant les droits de douane, les flux de capitaux et les politiques industrielles. Ces facteurs alimentent l’incertitude sur les marchés et font ressortir l’importance d’une approche stratégique dans la constitution des portefeuilles, afin de tenir compte des perturbations potentielles et de saisir les occasions découlant des changements de politiques. De plus, les attentes à l’égard de la politique de la Réserve fédérale américaine ont évolué. Les marchés anticipent une pause, voire une baisse compte tenue de la modération des pressions inflationnistes. Ces perspectives laissent entrevoir une conjoncture où les taux d’intérêt sont plus stables, ce qui pourrait influencer les décisions liées à la répartition de l’actif.
Conclusion : une capacité de bien s’adapter est un atout
Les analyses de M. Timmer soulignent l’importance d’une approche nuancée face à la volatilité des marchés, à la dynamique des actifs, aux valorisations, à la diversification mondiale et aux risques géopolitiques.