
Comprendre les baisses de taux de la Fed : une analyse de Denise Chisholm – 26 septembre 2025
Denise Chisholm, directrice en chef, Stratégie de marché quantitative chez Fidelity, nous livre une analyse approfondie de la récente baisse des taux d’intérêt annoncée par la Réserve fédérale américaine (Fed), mettant en lumière ses répercussions nuancées sur l’économie et le rendement sectoriel.
Voici quelques-uns des points à retenir.
Baisses des taux de la Fed : stratégie politique ou indicateur économique?
Selon Mme Chisholm, les baisses de taux de la Fed présentent deux volets. Historiquement, environ la moitié des baisses ont été mises en oeuvre de manière proactive pour assouplir la politique monétaire, tandis que l’autre moitié constituait une réponse à la conjoncture économique. Lorsque les baisses sont préventives, elles peuvent avoir une incidence sur le rendement du marché. En revanche, lorsqu’elles traduisent une faiblesse économique, elles peuvent être le signe d’une récession imminente.
Bénéfices des entreprises : un indicateur potentiel de la vigueur du marché
Les bénéfices des sociétés jouent un rôle clé dans l’interprétation des décisions de la Fed. Environ un tiers des baisses de taux surviennent lorsque les sociétés enregistrent une croissance supérieure à la moyenne (habituellement entre 10 et 15 %). À l’heure actuelle, les bénéfices dépassent ces seuils historiques. Un contexte marqué par des bénéfices vigoureux pourrait laisser entrevoir une solide assise économique. Les données historiques révèlent une corrélation entre ce type d’environnement et les rendements observés sur les marchés à la suite des baisses de taux. De plus, des bénéfices soutenus favorisent la stabilité de l’emploi, réduisent les mises à pied et stimulent les marchés boursiers. Le suivi des tendances en matière de bénéfices offre des perspectives plus précises sur la santé économique et le potentiel du marché.
Données sur l’emploi : comprendre les limites
Bien que les données sur l’emploi, notamment les données salariales, soient étroitement surveillées, elles demeurent des indicateurs à la traîne qui peuvent induire en erreur si elles sont interprétées de manière isolée. Par le passé, les rapports sur l’emploi, dénotant des données affaiblies ou des révisions à la baisse, ont souvent été suivis par des hausses sur les marchés boursiers au cours de l’année suivante. Les bénéfices des sociétés sont fréquemment associés à des changements dans les tendances en matière d’emploi et l’orientation des marchés. Il est donc essentiel de faire preuve de prudence lorsqu’on s’appuie uniquement sur les données liées à l’emploi pour anticiper les mouvements des marchés. Il est préférable de tenir compte également des données sur les bénéfices et d’autres données prospectives.
Inflation, droits de douane et politique en matière de taux d’intérêt : trouver l’équilibre
Les droits de douane agissent comme une forme de taxation, mais ils ne provoquent pas nécessairement une inflation soutenue. La baisse des taux de la Fed reflète en partie l’anticipation que ces droits n’entraîneront pas de pressions inflationnistes persistantes. Les prévisions actuelles indiquent que l’inflation devrait demeurer inférieure aux moyennes historiques, ce qui pourrait influencer le rendement des actions. Cet équilibre permet à la Fed de réduire les taux d’intérêt sans risquer une inflation élevée, ce qui favorise une croissance économique stable et des rendements positifs sur le marché. Le suivi des tendances inflationnistes demeure important, car cet équilibre influence la politique monétaire et le rendement sectoriel.
Leadership sectoriel : miser sur la croissance et la résilience
Dans le contexte économique actuel, le secteur des technologies de l’information se démarque comme un moteur de croissance, soutenu par une forte augmentation des bénéfices, des flux de trésorerie disponibles et des avantages fiscaux. Malgré la récente remontée des valorisations, les titres technologiques continuent d’offrir des profils risque/rendement attrayants, portés par des bénéfices soutenus. Les portefeuilles pourraient être réorientés vers des secteurs sensibles à la conjoncture, en privilégiant les technologies de l’information, la consommation discrétionnaire (en particulier les entreprises de construction résidentielle) et les produits financiers, notamment les courtiers et les marchés financiers. À l’inverse, les services collectifs, l’énergie et les produits de première nécessité ont un risque/rendement plus limité, ce qui justifie une approche plus prudente à l’égard de ces secteurs.
Secteurs les plus prometteurs
- Technologie
- Consommation discrétionnaire (surtout les entreprises de construction résidentielle)
- Produits financiers (en particulier les courtiers et les marchés financiers)
Secteurs les moins prometteurs
- Services collectifs
- Énergie
- Produits de première nécessité
Conclusion : points stratégiques à retenir
La réduction des taux de la Fed constitue un signal nuancé qui exige une analyse poussée des indicateurs économiques sous-jacents, au-delà des grandes tendances. Une stratégie résiliente repose sur plusieurs éléments clés : les bénéfices élevés des sociétés, l’interprétation prudente des données sur l’emploi, les attentes en matière d’inflation contrôlée et la structure sectorielle ciblée.