
Analyse de Denise Chisholm sur les politiques de la Réserve fédérale américaine et la dynamique des marchés en date du 11 septembre 2025
Denise Chisholm, directrice en chef, Stratégie de marché quantitative chez Fidelity, a donné son point de vue sur les tendances inflationnistes, les politiques de la Réserve fédérale américaine (Fed) et la dynamique sectorielle.
Voici quelques-uns des points à retenir.
Tendances de l’inflation et perspectives de la Fed
Mme Chisholm a souligné que même si l’indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis a affiché une croissance légèrement plus élevée que prévu pour juillet, la Fed se concentre plutôt sur le déflateur des dépenses personnelles de consommation (DPC), qui tend à enregistrer une inflation plus faible, dont la hausse devrait se limiter à un modeste 0,2 % selon les analystes. En préconisant ce dernier, la Fed peut continuer de normaliser sa politique sans hausses de taux marqués. La probabilité accrue d’une baisse des taux de la Fed reflète une croissance économique lente, mais positive, plutôt qu’une récession, créant un contexte d’optimiste prudent pour les actifs à risque.
Construction résidentielle : sensibilité aux taux d’intérêt et dynamique des valorisations
Le secteur de la construction résidentielle, traditionnellement très cyclique et sensible aux taux d’intérêt, a connu une contraction des investissements en 2022 et 2023, malgré le fait que l’économie en général a évité la récession. Mme Chisholm a expliqué que le mécanisme de transmission habituel, qui consiste à réduire les taux hypothécaires pour stimuler les ventes de maisons, a été inefficace l’an dernier en raison d’une inflation de base supérieure à 3,5 %. Toutefois, si l’inflation demeure élevée, mais stable, une baisse des taux de la Fed pourrait légèrement améliorer l’abordabilité des logements et raviver la demande. Les constructeurs résidentiels ont considérablement amélioré leur rentabilité depuis la fin des années 2000, avec des marges d’exploitation atteignant des sommets. Bien que les niveaux de valorisation absolus demeurent dans la moyenne historique, les valorisations relatives ont été pénalisées en raison de la sensibilité aux taux d’intérêt. Cette situation crée un scénario où le risque pourrait être récompensé : si les ventes de maisons se redressent, les titres des constructeurs résidentiels pourraient monter, mais les conditions du marché peuvent également avoir une incidence sur le rendement de ces titres.
Dynamique du marché des prêts hypothécaires et incidences sur les politiques
Les écarts hypothécaires, soit la différence entre les taux de prêt hypothécaire et les taux des obligations du Trésor, se sont élargis à des niveaux records en raison du resserrement quantitatif de la Fed, qui comprend la vente de titres adossés à des créances hypothécaires. Cet écart retarde l’incidence positive des baisses de taux de la Fed sur les taux de prêt hypothécaire, ce qui signifie que les coûts d’emprunt pour l’achat de maisons pourraient ne pas diminuer immédiatement après une baisse de taux. De possibles changements de politiques, comme la restructuration des agences Fannie Mae et Freddie Mac et la fin du resserrement quantitatif en janvier, pourraient mener à une normalisation des écarts hypothécaires, ce qui pourrait avoir une incidence sur l’abordabilité et la demande de logements et contribuer ainsi à la reprise du secteur de l’habitation.
Secteurs les plus prometteurs
- Technologies de l’information : Mme Chisholm considère ce secteur comme le plus prometteur en ce qui concerne le potentiel risque-rendement, car il est soutenu par des paramètres fondamentaux solides et a bien réagi à la politique de la Fed. Ce secteur est bien placé pour tirer parti des tendances économiques actuelles.
- Consommation discrétionnaire : Ce secteur est classé en deuxième position, soutenu par les perspectives d’amélioration de l’abordabilité des logements, ce qui stimule les dépenses de consommation. Mme Chisholm estime qu’une baisse des taux par la Fed pourrait avoir une incidence positive sur ce secteur, en particulier sur la construction résidentielle, qui présente un scénario de risque-rendement prometteur.
- Produits financiers : En troisième position, ce secteur bénéficie de valorisations attrayantes et d’occasions de croissance intéressantes, surtout du côté des courtiers et les marchés de capitaux. Mme Chisholm suggère que les produits financiers pourraient profiter de la dynamique du marché.
Secteurs les moins prometteurs
- Énergie : Mme Chisholm constate des difficultés dans ce secteur en raison de la normalisation des bénéfices après une année 2022 très rentable. Elle préconise la prudence, jugeant inopportun l’investissement dans l’énergie malgré des valorisations attrayantes.
- Services collectifs : Traditionnellement défensif, le secteur des services collectifs présente un profil risque-rendement négatif. Mme Chisholm souligne les craintes entourant les valorisations et les récents problèmes de rendement.
- Produits de première nécessité : Autre secteur défensif, les produits de première nécessité présentent des perspectives risque-rendement négatives, compte tenu des récentes préoccupations en matière de rendement et des enjeux de valorisation.
Dépendance aux données et défis liés aux prévisions du marché
Mme Chisholm maintient que l’approche dépendante des données de la Fed complique les décisions politiques et les prévisions du marché. Les données économiques, comme les emplois non agricoles, font souvent l’objet de révisions décalées, ce qui limite leur pouvoir prédictif. Les récentes tendances du marché indiquent un ralentissement temporaire, les actions montrant un potentiel de reprise. Mme Chisholm a toutefois suggéré que le marché devrait envisager l’éventualité de scénarios de contraction persistante du marché de l’emploi et ses répercussions sur les trajectoires économiques et boursières.
Conclusion : flexibilité stratégique dans un marché complexe
La conjoncture du marché est façonnée par une combinaison de l’équilibre, de la dynamique de l’inflation, des attentes quant aux politiques de la Fed, des tendances de valorisations sectorielles et des incertitudes macroéconomiques. Il est essentiel de reconnaître les signaux provenant des mesures d’inflation, de la sensibilité du marché de l’habitation, des conditions du marché hypothécaire et des classements sectoriels. La construction résidentielle offre une occasion intéressante compte tenu de son écart de valorisation et de sa sensibilité à des baisses potentielles de la Fed. Les secteurs des technologies de l’information, de la consommation discrétionnaire et des produits financiers se démarquent par leur profil risque-rendement favorable, tandis que la prudence est de mise dans les secteurs de l’énergie et des services collectifs. La dépendance de la Fed aux données révisées souligne l’importance de maintenir une flexibilité stratégique et de surveiller de près les signaux du marché.