Rapports sur l’emploi, ralentissement de l’inflation et signaux sectoriels : une analyse de Denise Chisholm – 18 décembre 2025
Denise Chisholm, directrice en chef, Stratégie de marché quantitative chez Fidelity, a exploré les plus récentes données sur l’inflation, les tendances en matière d’embauche des petites entreprises, le positionnement sectoriel et la portée de ces indicateurs à l’approche de 2026.
Voici quelques-uns des points à retenir.
Les intentions d’embauche des petites entreprises se raffermissent à mesure que les coûts d’emprunt diminuent
Mme Chisholm a d’abord insisté sur le fait que les rapports sur l’emploi sont des indicateurs retardés, de sorte qu’ils peuvent souvent induire en erreur quant aux conditions futures. En vue de mener son analyse, elle s’est plutôt tournée vers des signaux précurseurs issus du sondage de la NFIB auprès des petites entreprises, qui a récemment montré une hausse de premier décile des intentions d’embauche. Par le passé, une telle inflexion s’est accompagnée d’une probabilité de 70 % à 75 % d’accroissement des embauches au sein des petites entreprises au cours de l’année à venir. Mme Chisholm a indiqué que ce cycle demeure atypique, car l’économie a connu une récession en situation de plein emploi en 2022, puis une reprise également en plein emploi. Ainsi, le rythme des pertes d’emplois n’a jamais véritablement accéléré, de sorte que la croissance de l’emploi pourrait demeurer modeste, bien qu’elle semble durable. De plus, pour la première fois dans ce cycle, les petites entreprises commencent à indiquer qu’elles bénéficient de taux d’emprunt plus faibles, ce qui favorise l’embauche et l’expansion.
La Réserve fédérale américaine (Fed) réduit ses taux parce qu’elle le peut, et non parce qu’elle le doit
Sur le plan de l’inflation, Mme Chisholm a souligné que l’inflation de base aux États-Unis s’est récemment établie à 2,6 % sur douze mois, soit légèrement en deçà des prévisions antérieures de 2,8 % de la Fed. Malgré les hausses de prix liées aux droits de douane en cours d’année, la tendance générale reflète toujours une décélération de premier quartile de l’inflation. Par le passé, les périodes de décélération de cette ampleur ont coïncidé avec des contextes favorables aux actions, surtout dans les secteurs les plus sensibles à la conjoncture. Mme Chisholm a insisté sur le fait que les réductions de la Fed ont lieu parce que les indicateurs le permettent, et non en raison de tensions économiques. D’une manière générale, lorsque la Fed peut réduire ses taux pour normaliser sa politique, sans en avoir l’obligation, le cadre économique est propice à la stabilité de l’emploi et à la croissance des bénéfices. Par ailleurs, Mme Chisholm a souligné qu’une ou deux autres baisses de taux en 2026 seraient conformes à la tendance établie après les trois baisses de taux en 2025.
Perspectives sectorielles : technologies de l’information, produits financiers et consommation discrétionnaire
Mme Chisholm a réitéré qu’elle continue de privilégier trois secteurs clés. Les technologies de l’information conservent la plus forte surpondération, leur performance à long terme étant favorisée par la désinflation et l’expansion des multiples. En outre, elle ne s’attend pas à un virage hors des sociétés de technologies de l’information. Elle s’attend plutôt à une meilleure dispersion du marché, et à ce que le secteur des technologies de l’information maintienne son rôle de chef de file.
Selon Mme Chisholm, le secteur des produits financiers est de plus en plus attrayant. Au cours des quatre dernières années, ce secteur s’est négocié dans une fourchette relativement stable, ce qui, à son avis, constitue un atout dans le contexte des valorisations actuelles. Les produits financiers ont retrouvé des niveaux de valorisation du décile inférieur, tandis que les résultats demeurent résilients. Par le passé, lorsque la Fed a baissé ses taux, la courbe des rendements s’est accentuée environ 75 % du temps. Il s’agit d’une dynamique qui a tendance à profiter aux banques qui empruntent à découvert et prêtent à long terme. Bien que la consolidation ou la déréglementation pourrait entraîner d’autres hausses, Mme Chisholm présente cette éventualité comme un scénario favorable, mais non indispensable à sa thèse de placement.
La consommation discrétionnaire conserve le troisième rang dans son classement sectoriel. Bien que ce secteur soit sensible aux taux, il ne l’a pas été autant que les technologies de l’information, en raison du profil de marge divergent de ces deux secteurs. Mme Chisholm a réaffirmé que, même si les constructeurs résidentiels stagnent ou affichent des rendements plus faibles, ils pourraient encore représenter des occasions compte tenu de tendances à long terme qu’elle surveille.
Salaires, main-d’œuvre et tendances en matière de productivité
Mme Chisholm s’est attaquée aux préoccupations entourant l’offre de main-d’œuvre et l’inflation des salaires. Elle souligne que la population active aux États-Unis n’a connu presque aucune croissance pendant environ 25 ans avant la pandémie, mais que le PIB a augmenté de façon progressive tout au long de cette période. Elle a expliqué que le faible taux de chômage n’est pas un indicateur fiable d’une accélération des salaires. D’ailleurs, la croissance salariale est désormais en perte de vitesse, malgré un marché du travail tendu. Ce constat réfute à son avis l’argument selon lequel les pressions salariales entraîneront un nouveau problème d’inflation. Mme Chisholm a également reconnu l’optimisme suscité par l’amélioration de la productivité attribuable à l’intelligence artificielle, bien que les données ne reflètent pas encore ces gains. Elle a maintenu que la durabilité économique – et non les gains de productivité immédiats ni les baisses de prix rapides – permettra de surmonter graduellement les défis liés à l’accessibilité.
Marchés américains vs marchés internationaux : l’élan des bénéfices est toujours favorable aux États-Unis
Pour terminer, Mme Chisholm a procédé à une comparaison des valorisations américaines à celles des marchés internationaux. Bien que les valorisations américaines paraissent élevées, l’experte a rappelé que cette caractéristique à elle seule n’a jamais été un indicateur fiable des rendements à venir. Les marchés à l’extérieur des États-Unis ont été structurellement dévalués sur le long terme parce que leurs cycles de bénéfices étaient plus faibles que ceux des États-Unis. À l’heure actuelle, la croissance des bénéfices aux États-Unis s’accélère pour atteindre des niveaux de premier quartile, tandis que les bénéfices en Europe et au Japon ralentissent. Même si la hausse des dépenses militaires en Europe pourrait finir par influencer les paramètres fondamentaux des entreprises, aucune donnée sur les bénéfices ne confirme encore cette possibilité. Compte tenu des tendances actuelles, Mme Chisholm s’attend à ce que les marchés américains continuent de dominer en 2026.
Conclusion : une vision de l’avenir fondée sur les données
Dans l’ensemble, l’analyse de Mme Chisholm prévoit un contexte économique durable, soutenu par un ralentissement de l’inflation, des intentions d’embauche plus favorables au sein des petites entreprises, une baisse des coûts d’emprunt et une Fed qui agit en fonction des données plutôt que sous la pression. À l’approche de 2026, elle s’attend à ce que les technologies de l’information restent en tête, que les produits financiers offrent des occasions intéressantes découlant des valorisations et que la consommation discrétionnaire présente d’autres zones de vigueur. Alors que les indicateurs précurseurs continuent de s’améliorer, la spécialiste voit la possibilité d’une participation plus étendue du marché, tandis que les chefs de file bien établis continueront de produire de bons résultats.