Comment les jeunes adultes peuvent-ils se préparer à une éventuelle récession au Canada?

Source : La Presse Canadienne

« Je mentirais si je disais qu’une récession imminente ne m’inquiète pas », affirme Braveen Kumar, qui travaille actuellement à l’expansion de son entreprise indépendante.

Compte tenu de la flambée de l’inflation et de la décision de la Banque du Canada de relever les taux d’intérêt de façon plus musclée par rapport aux cycles de resserrement passés, les craintes d’une récession se multiplient. Un marché boursier terne alimente le feu, car les replis boursiers ont tendance à se produire avant qu’une récession ne frappe.

M. Kumar a récemment quitté son emploi dans le secteur de la technologie et, même s’il a réussi à économiser suffisamment d’argent pour payer ses frais de subsistance pendant huit mois afin de passer au travers de son changement de carrière, il établit maintenant son budget avec beaucoup plus de rigueur puisqu’il ne gagne pas de salaire normal.

Camille Horrocks-Denis est une étudiante en documentation et médias et, bien qu’elle compte sur des prêts et des subventions provinciales, qu’elle cumule deux emplois et qu’elle vive avec son conjoint, elle trouve qu’il est de plus en plus difficile de vivre au quotidien avec le coût élevé de la vie à Toronto et elle juge qu’une récession aura des répercussions potentielles sur une personne comme elle.

« Une chose est sûre : dans le domaine des arts où je travaille, il n’y a pas d’emploi garanti qui m’attend après l’obtention de mon diplôme, de sorte qu’une récession pourrait me toucher profondément », affirme-t-elle.

Katherine Judge, économiste à la Banque CIBC, ne sonne pas encore l’alarme à l’égard d’une récession, mais elle affirme que si le Canada se trouvait dans cette situation, cela pourrait se produire à la fin de 2022 ou au cours du premier semestre de 2023. Elle ne s’attend toutefois pas à ce que la situation soit aussi grave qu’en 2008.

« La récession de 2008 a été exceptionnellement profonde, et si nous devions connaître une récession cette fois-ci, il y a fort à parier qu’elle ne serait pas aussi grave », affirme-t-elle. « Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada relève ses taux un peu moins que ce que le marché anticipe, évitant ainsi une récession véritable si la Réserve fédérale américaine fait preuve de prudence à l’égard de l’ampleur de ses relèvements de taux. »

Néanmoins, les experts en finances personnelles estiment qu’il est impératif de se prémunir contre une récession. 

La pandémie de COVID-19 a été le plus important événement d’envergure mondiale avec lequel les personnes dans la vingtaine et le début de la trentaine ont dû composer en tant qu’adultes sur le marché du travail, et elle a forcé bon nombre d’entre elles à examiner leurs finances plus attentivement et même à réexaminer leur cheminement de carrière, les plaçant ainsi en bonne position de poursuivre leur croissance personnelle.

Kelley Keehn, formatrice en finances personnelles, croit que la façon dont les jeunes professionnels façonnent leur trajectoire de carrière compte pour beaucoup pour se protéger contre une récession.

Elle affirme que les gens devraient se considérer comme une entreprise.

« Si vous pensez toujours à une personne comme un client et que vous recherchez toujours des occasions parce que vous réfléchissez comme une entreprise, vous en sortirez gagnant », ajoute-t-elle.

Elle souligne également l’importance d’élargir ses compétences – au moyen de certifications, de cours, de livres et même en suivant des canaux de réseaux sociaux fiables et des influenceurs – afin qu’il soit plus facile de se réorienter sur le marché de l’emploi au besoin. La poursuite du réseautage est tout aussi importante, sinon plus, ajoute-t-elle.

Le spécialiste du marketing Ankit Mishra se dit « très préoccupé » par la possibilité d’une récession, il a ainsi décidé de se perfectionner, d’apprendre le français et de faire des recherches sur des secteurs qui pourraient faire preuve de résilience en période de ralentissement économique. Dans son cas, il étudie comment la technologie pourrait améliorer la vie dans les villes ainsi que la durabilité dans le secteur minier.

Au chapitre de l’épargne et des dépenses en contexte d’inflation très élevée et de récession, Mme Keehn estime qu’il est important de réfléchir minutieusement à la question de savoir si certaines activités ou certains achats apporteront une valeur ou finiront par nuire à notre compte bancaire. C’est d’autant plus vrai que le monde s’ouvre à nouveau et que les occasions de dépenser se multiplient.

Elle encourage également les jeunes à évaluer soigneusement leurs capacités et leurs limites financières avant d’investir dans le marché boursier, même en période de marché haussier, comme celui ayant suivi le délestage de mars 2020 qui a duré jusqu’en 2021. Cette période a incité de nombreux jeunes à investir en espérant réaliser des gains importants. 

Elle cite les propres erreurs de placement qu’elle a commises lorsqu’elle était beaucoup plus jeune, en particulier lorsqu’elle a investi de l’argent sur le marché, puis été forcée de le retirer, car elle ne pouvait composer avec les pertes. 

« Il faut trancher sur cette question : pouvez-vous réellement investir ou avez-vous simplement besoin d’épargner en ce moment? » affirme-t-elle.

 

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