Daniel Dupont : L’importance de l’atténuation des risques de baisse et de la « patience offensive »

Vous travaillez pour Fidelity depuis plus de 16 ans. Durant cette période, vous avez vécu de diverses expériences et connu beaucoup de succès. Quels sont deux ou trois enseignements clés que vous avez tirés en matière de placement?

DANIEL DUPONT : Pour commencer, il importe de mettre l’accent sur la préservation du capital. Les gens travaillent fort pour gagner de l’argent et ils économisent pendant des années. Pour moi, c’est donc primordial. Ensuite, il vaut mieux éviter les entreprises surendettées. Un endettement trop élevé peut être l’une des raisons pour lesquelles une société se retrouve en mauvaise posture. Enfin, il faut s’assurer que l’équipe de direction sait ce qu’elle fait.

Pourquoi l’atténuation des risques de baisse est-elle si importante pour vous?

Je crois simplement que c’est dans ma nature. Je préfère ne pas perdre l’argent que j’ai déjà. Je pense que je veux faire la même chose pour les détenteurs de fonds. De plus, j’ai acquis des connaissances sur les bonnes entreprises en grandissant sur une ferme qui n’était pas très prospère. On peut rapidement constater la différence entre le revenu et les liquidités. Quand il n’y a pas assez d’argent pour le dessert, on comprend que l’argent a été dépensé ailleurs. Il a été réinvesti dans l’entreprise. Ainsi, on apprend rapidement que le rendement du capital investi constitue un élément important des placements, et on le constate de manière concrète. Depuis, j’ai toujours voulu investir dans des entreprises solides. Certaines sociétés versent des dividendes au lieu de réinvestir dans leurs opérations, ce qui n’est pas particulièrement favorable à la plus-value du capital au fil du temps.

Quels types d’épargnants voyez-vous investir dans vos fonds?

Dans le cas du Fonds Grande capitalisation Canada et du Fonds Étoile du Nord, j’ai essayé d’attirer des investisseurs qui privilégient la préservation du capital et l’atténuation des risques de baisse. Je pense que nous attirons beaucoup d’investisseurs qui se rapprochent de la retraite ou qui craignent de perdre une partie importante de leur capital. Ils ont bâti une entreprise ou ont mis de l’argent de côté petit à petit au fil des ans, et ils s’en font un peu plus pour leurs avoirs. Je crois bien qu’il s’agit là du type d’épargnants que nous avons attirés et c’est pourquoi je m’efforce d’abord et avant tout de protéger leur capital chaque jour. Nous tentons ensuite de faire fructifier ces avoirs pour leur permettre de profiter d’une retraite confortable.

Que pensez-vous des évaluations?

J’estime que les marchés se comportent très bien depuis un bon moment. Les évaluations ont augmenté au cours des dernières années. Je me méfie donc d’un grand nombre d’entreprises dont les marges et les évaluations sont très élevées par rapport à leurs niveaux antérieurs et qui affichent un endettement plus important que par le passé. Si vous prenez en compte ces trois facteurs, soit les évaluations élevées, un endettement important et de fortes marges, vous obtenez un cocktail boursier beaucoup moins intéressant. Je désire être entièrement investi au cours des prochaines années. Je veux investir dans les occasions qui se présenteront, mais pour le moment, je crois que le mieux consiste à faire preuve de patience et à travailler d’arrache-pied de façon à être en mesure d’agir au moment opportun.  Nous nous efforçons d’être rigoureux et, lorsque des occasions se présentent, nous disposons d’un peu de liquidités pour les saisir.

Quelles sont quelques-unes des occasions à plus long terme qui vous emballent?

Je suis toujours à la recherche d’occasions qui sortent de nulle part. Nous sommes prêts à tout. Je gère aujourd’hui un actif plus considérable qu’il y a quelques années, ce qui signifie que nous sommes prêts pour tirer parti des occasions importantes ou pour négocier avec un vendeur forcé de se départir d’un bloc important d’actions. Ou avec une entreprise qui éprouve des difficultés à court terme et dont les investisseurs deviennent trop nerveux et veulent se défaire de leurs titres. J’use toujours de ce que j’appelle la patience offensive. Je la mets en pratique chaque jour et je reste à l’affût de ces excellentes occasions. On ne sait jamais à quel moment elles se présenteront ni combien il y en aura au cours d’une année donnée. Mais nous savons qu’il y en aura et nous devons être prêts. Il faut connaître les entreprises. Il faut connaître les secteurs. Nous essayons d’être prêts pour saisir ces occasions dès qu’elles se matérialisent.

Renseignez-vous sur les fonds que M. Dupont gère au Canada :